26 novembre 2006

Les prétendants à l'investiture divisent l'UMP

Pressé par la désignation triomphale de Ségolène Royal au PS, le bureau politique de l'UMP a défini ses modalités d'investiture, mercredi 22 novembre, dans un climat de division que tente de contrôler un Nicolas Sarkozy au statut de candidat naturel disputé.

"La droite est victime de sa propre désunion", affirme le sociologue Michel Wieviorka, "et en six mois, tout peut encore arriver". L'hypothèse d'un deuxième candidat de l'UMP à l'élection présidentielle serait en effet lourde de conséquences. La mobilisation du parti derrière son président est pourtant contestée et l'UMP, sous le feu des projecteurs depuis le vote des militants socialistes, peine à masquer ses divisions.
Michèle Alliot-Marie, sifflée lors du conseil national du parti pour avoir critiqué le processus d'investiture et certaines positions de M. Sarkozy, lui a adressé une lettre, réclamant un débat libre et constructif. Dimanche 20 novembre, M. de Villepin affirmait quant à lui que "rien n'était joué". Lundi, le ministre de la recherche Jean-François Goulard, qualifiait le programme de l'UMP d'attrape-tout et reprochait à M. Sarkozy d'être "incapable d'admettre un avis différent du sien". Mardi, le premier ministre critiquait une nouvelle fois son numéro deux à la tribune du Congrès des maires, dénonçant "le chemin sans issue" de la discrimination positive. En réaction à ces propos et à une contestation jugée illégitime, certains élus, considérant que la "confiance n'existe plus", ont menacé de ne pas voter le budget. Le retour au calme s'est néanmoins imposé. D'après Le Figaro, Jacques Chirac, en recevant chacun des trois rivaux, aurait œuvré en toute discrétion à cet apaisement. M. Sarkozy a rencontré MAM mercredi, avant la réunion du bureau politique au cours duquel il a accepté d'allonger la période de dépôt de candidature jusqu'au 31 décembre. Tous deux ont exprimé leur satisfaction.

Invité du JT de TF1 jeudi soir, Nicolas Sarkozy a précisé qu'il annoncerait la semaine prochaine ce qu'il veut faire et proposer, invitant Michèle Alliot-Marie, Jean-Louis Borloo, Dominique de Villepin et "tous ceux qui pensent avoir quelque chose à dire" à être candidats au vote des militants. Le ministre de la cohésion sociale a indiqué qu'il ne le serait pas, réservant néanmoins sa position définitive à la décision du Parti radical, formation associée à l'UMP et dont il est coprésident. Le Premier Ministre a déclaré qu'il entendait se concentrer sur sa tâche. Sans mandat électif, sans réseau de militants ni soutien parlementaire suffisant, et après le désastre du CPE, Dominique de Villepin pourrait-il faire cavalier seul ? MAM prendra d'ici au 31 décembre la décision de s'engager dans la course à l'investiture, si ses "idées rencontrent un écho non seulement à l'UMP, mais aussi de la part des Français". Très minoritaire selon les sondages, elle jouit d'une bonne réputation auprès de militants, pour beaucoup issus du RPR dont elle fut la dernière présidente, mais ce lien l'empêche de se présenter hors du parti. Serait-elle en train de se rendre indispensable à un éventuel Président Sarkozy ? Prudence est mère de sûreté, le mot-clé "Alliot-Marie" sur Google a été acheté par l'UMP, afin d'afficher des liens publicitaires appelant au soutien de M. Sarkozy…

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