19 novembre 2006

Ségolène, trop singulière pour une gauche plurielle ?

Désignée candidate du PS pour l'élection présidentielle par un vote largement majoritaire des militants, Ségolène Royal fait face à un nouveau défi : rassembler les forces d'une gauche divisée, et mobiliser un électorat indispensable pour battre la droite en 2007.

Avec 60,60% des suffrages exprimés jeudi 16 novembre, Ségolène Royal a emporté l'adhésion des militants socialistes, dans un élan de bonne augure pour le lancement de sa campagne. Si ces primaires ont été saluées comme un exemple de démocratie, même à droite, les débats ont révélé la fissure qui divise le PS depuis le référendum pour le traité constitutionnel, écho d'une fracture qui éloigne la gauche sociale-démocrate des sensibilités antilibérales, et menace leur éventuelle réunion.
DSK et Laurent Fabius, les deux adversaires de Mme Royal au sein du parti, ont rapidement annoncé leur ralliement, suivis par un certain nombre de personnalités du PS. Dès le lendemain de son investiture, Mme Royal a souhaité "unir toute la gauche dans sa diversité". Le PRG a déjà renoncé à la candidature de Christiane Taubira en échange d'un accord électoral. Jean-Pierre Chevènement, à qui Mme Royal a tendu la main et qui n'exclue ni "retrait" ni "concertation", a salué sa "victoire incontestable", l'invitant à "rebattre les cartes" au PS. Noël Mamère lui a promis le soutien des Verts au deuxième tour, formulant des "exigences" pour un "éventuel contrat de gouvernement". Dominique Voynet, candidate du parti écologiste, a félicité et souhaité bonne chance à Mme Royal, considérant par ailleurs que "les choses ne vont pas être simples".

Le franc succès de Mme Royal ne suscite en effet pas l'espoir pour tous. Certains partisans de M. Fabius expliquent sa défaite par l'arrivée massive de nouveaux adhérents, et il est pour eux "difficile à digérer de voir évoluer le parti comme ça". "Je ne peux pas me rallier, sinon, c'est la fin de la gauche dans le PS", a déclaré Jean-Luc Mélenchon, consterné. Vendredi 17 novembre, le sénateur de l'Essonne montait à la tribune du rassemblement antilibéral à Montpellier. Selon lui, la "transgression" des valeurs du PS par Mme Royal rend "plus compliqué" le rassemblement de la gauche. M. Mélanchon et ses alliés se sont lancés dans un jeu dangereux avec le parti mais misent sur des électeurs qui ont dit non à la Constitution européenne, et qui refusent l'inclinaison au centre du PS. Ovationné par la salle, il a considéré que "l'autre gauche" devait prendre la relève.
Les leaders de cette dernière, chacun briguant la tête du mouvement, ont vivement critiqué la candidate socialiste. Pour le PCF et son secrétaire nationale Marie-George Buffet, "l'alternative à Sarkozy ne peut être une gauche royale". Les communistes ont décidé de réunir leur conseil national pour discuter de la "responsabilité" du parti. Olivier Besancenot, candidat de la LCR, a exprimé ses craintes d'une gauche "sécuritaire et libérale", mais constate l'espace politique laissé à gauche de la gauche. José Bové et Clémentine Autain ont également pronostiqué la présence des antilibéraux au second tour de l'élection présidentielle. Mais selon Frédéric Dabi, de l'institut IFOP, le réflexe du vote utile contre Nicolas Sarkozy constituera un sérieux handicap pour la gauche radicale.


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